Ce qu'on ne ferait pas pour un nouveau monde... [Flashback]

La fraîcheur de la nuit venait frapper mon frêle visage, me revigorant entièrement avant même que je ne sois au niveau du bel homme. Je me devais de l'avouer, de toute façon : j'hésitais grandement. Devais-je vraiment me lier avec lui définitivement ? N'était-il pas… Dangereux ? Mes réticences ne  tinrent pas très longtemps devant le spectacle qui s'étendait devant moi, l'homme aux cheveux noirs reculant de deux pas. Nous étions identiques. Nous nous pansions nos plaies mutuellement. Il était ma lumière, j'étais son ange. Je pensais l'avoir aidé, mais c'était lui qui avait fait tout le travail. J'avais besoin de lui dorénavant. Malgré ses cheveux noir de jais, il était l'espoir. Le seul qui ne me regardait pas avec cette lueur folle, qui ne cherchait pas à me manipuler. J'avais besoin de lui. Il était devenu plus important pour moi que quiconque en quelques heures à peine.

Je m'avançais donc jusqu'à lui, touchant le haut de son dos. La chaleur de ma main toucha la fraîcheur, et je jurai à ce moment là que nos corps et nos esprits fusionnèrent. J'étais sûre de moi à présent : j'avais fait le bon choix. Ensemble, rien ne nous arrêterait et nous créerons un monde meilleur. Après quelques instants, la tête de mon camarade se baissa afin de fixer ses pieds. Avec toute la difficultés du monde, comme si il devait lutter contre sa noirceur intérieure, il put avance d'un pas. Je fis de même, ma main descendant un peu sur son dos mais étant toujours collée à lui. Je lui transmettais de la force et du courage tandis qu'il faisait de même pour moi. Un second pas. Nous étions deux. Ensemble, aucune barrière ne nous empêchera d'accéder au balcon de la rédemption.

Su le balcon, le froid mordant se saisit de moi, me rafraîchissant en passant à travers mes habits en lambeaux. Je n'avais même point eu l'occasion de remarquer à quel point les ninjas de Taki avaient put abîmer la tenue. Cela signifiait… Que j'avais esquivée tous leurs coups ? Visiblement, j'étais encore plus agile que je le pensais. Malheureusement pour moi, c'était mes habits qui en avaient pris  pour leur grade ! Décalant mon regard bleu azur vers l'Horizon, je constatais que la nuit était magnifique. Quelques lucioles voletaient prêt de nous et les rayons de la lune éclairaient nos deux corps collés l'un sur l'autre. Quelques animaux méconnus – certainement des grillons, des hiboux et des loups – beuglaient au loin.

Je trouvais cet instant de magie absolument fabuleux. Je ne voyais plus le monde de la même manière à présent. La forêt semblait calme et paisible, la nuit n'était en réalité pas si sombre. Mon regard se décala, après une bonne minute, en direction de l'homme qui était devant moi. Cet instant n'aurait pas été le même sans lui. Mon regard s'arrêta dans son dos avant de remonter à son bras qui semblait avoir bien cicatrisé. Il était mon magicien, mon vendeur de rêve. Celui qui sauverait mon monde. Tout à coup, il se retourna dans ma direction, ses pupilles si spéciales tournées vers les miennes d'une couleur azur. Il prit dans sa main celle que j'avais posé sur son dos et enfin se décida à me répondre. Troublée, je me rapprochais légèrement de lui et plongea mon regard dans le sien.

Il m'expliqua qu'il allait mieux, mais que ses blessures n'étaient rien à celles de son cœur. Pourtant, dorénavant, il n'éprouvait qu'un sentiment de sérénité, comparant ma présence à celle d'un ange gardien et que tant qu'il avait des gens à protéger comme moi je l'avais fait pour lui, son cœur recommençait à battre. Il posa sa main qui ne tenait pas la mienne sur son coeur afin d'illustrer ces mots. Devant tant de bonté d'âme et de souffrance, je ne pus me retenir. Je comblais les centimètres qui manquaient entre nous et l'ensserais de mes bras dans un geste de sollicitude, allant même jusqu'à passer mes bras autour de son cou. Il avait su me soigner et me revaloriser. Et il disait que c'était moi son ange gardien ?

- Toi aussi tu m'as sauvée. J'étais perdue avant de te rencontrer. Merci pour tout.

Je m'éloignais enfin, décidant de ne pas trop le coller de risque de le gêner. Je lançais l'un de mes sourire vers le jeune et proposa une activité toute simple.

- Et si on apprenait à se connaître ?

Mon regard se mêlait avec celui de l'homme devant moi, faisant battre mon coeur de plus en plus rapidement. Je n'avais jamais connue personne comme lui… Comme moi ? Nous étions identiques, deux êtres recherchant compagnie et rédemption. Deux roses. Beaux, mais avec des épines. Pire encore, des roses noires. Nous étions deux roses noires. Mais ensemble, nous devenions une belle rose rouge. Mon regard était toujours plongée dans celui de Kuro, mon corps collé contre le sien, avec l'impression d'enfin ressentir des sentiments. Je n'étais plus une poupée de sire, j'étais vivante. Contre toute attente, la réponse de mon Don Juan ne se fit pas attendre. Il me répondit qu'il ne souhaitait que ça, plus me connaître. Qu'il n'était qu'une fleur noir abandonnée, perdue et morte dans un cimetière à son nom. Il attendait celle qui serait à ses côtés, d'ou son nom Kurohana. Encore plus poétiquement, il me dit que juste à avoir lu ma couverture, son coeur avait trouvé le livre qu'il lui fallait et que tel une fleur, il ne s'en occupait que d'une seule. Levant une nouvelle fois mes yeux vers les siens, je lui répondis.

- Kurohana… Tu as trouvé celle qui passera sa vie avec toi. Je transformerais ton noir en une rose, et je serais toujours là pour toi. Toi et moi, nous sommes pareils… Et je souhaite rester avec toi. Ensemble, rien ne nous arrêtera. L'écrivaine de ton livre se nomme Akira. Enchanté, Kuro'.

Je me tus dorénavant, fixant son regard. Je n'arrivais cependant pas à garder ce ton solennel et souriais en même temps, fixant le beau jeune homme devant moi. Kurohana.

Je me tenais bien droite sur ce balcon, enlaçant Kurohana. Jamais je n'avais tant apprécié une personne sur cette foutue terre. Il m'était similaire, il était comme moi : tel une fleur séchée qui n'attendait qu'à être revigorée. Je ne ressentais même plus le froid mordant de la nuit, ni aucun être qui vive. Je n'étais plus que délivrance et joyeuseté. J'étais différente. À ses côtés, j'avais l'impression que je pourrais tout accomplir !

Oui, je me sentais plus forte, plus déterminée, prête à tout. Prête à vaincre le monde, prête à le changer, prête à montrer mes idéaux aux yeux de tous. Tandis que précédemment, nos regards s'étaient croisés et restés ainsi pendant de longues minutes mais il décida enfin de les fermer, comme si il désirait profiter de ces instants magiques. Comme si il désirait se graver ces précieux moments dans sa mémoire. Je décidais de faire de même afin de ne jamais oublié cette rencontre qui changea mon destin du tout au tout.

Répondant une nouvelle fois de manière très poétique, le beau jeune homme me répondit à l'affirmative, qu'il désirait que son libre puisse changer le monde. Que lui, il pourrait prendre soin de son unique fleur qui pourrait s'épanouir pour montrer sa beauté. Plus le temps passait, et plus je comprenais que je ne m'étais pas trompée sur Kurohana.

Je ne voulais pas me rapprocher de lui uniquement grâce à son physique, et j'avais raison : il était poétique, doux, et possédait les mêmes idéaux que moi. Nous étions les côtés d'une pièce, un tout, un ensemble. Sans lui, je n'étais pas complète, je ne pouvais pas me sentir épanouie. Je me sentais mieux en ce moment que n'importe quand de toute ma vie : mieux même que lors de mon enfance. Ses yeux perforaient les miens et je ne pouvais m'empêcher de le tenir contre mes bras. Un sentiment inconnu naissait dans mon coeur.

- Je serais l'écrivaine de ton livre et ta fleur. Tu seras mon papier et mon jardinier.

Je fixais Kurohana d'un regard tendre avant qu'un vent froid vienne me mordre, me rapellant que ce moment était réel. Assez gênée, je commençais à me détâcher du corps du beau jeune homme. Moult pensées occupaient mes esprits. Des pensées de type relationnelles – notamment définir mes sentiments vis à vis de Kuro – mais également combattive : comment arriverais-je à rendre ce monde meilleur ?